
La cuillère en bois

Ustensile premier

Ustensile premier
Humble souvenir de la préhistoire culinaire toujours d'actualité, elle a été taillée, creusée dans le bois des arbres pour la cuisine néolithique. Inventée juste après le feu et le pot en terre où cuire la soupe. On trouve déjà de simples cuillères en bois parmi celles en or et argent dans les tombeaux des pharaons égyptiens. Elle a encore sa place dans nos cuisines.
Le 19ème siècle lui donnait le petit nom familier de "mouvette"*. Ni l'inox ni le silicone n'auront jamais la douceur du bois, le poli des mains qui en ont tenu le long manche, les bords du cuilleron adoucis en biais par son usage, patient et attentif. Car nos grand-mères insistaient pour la faire toujours tourner en 8, ou dans le sens des aiguilles d'une montre.
Tour de main
La cuillère en bois est l'instrument du toucher en cuisine. Aussi robuste que silencieuse à manier, elle racle les sucs, permet de touiller, soulever, retourner les mets avec précision. Elle incarne le tour de main et aide à suivre l'évolution de la préparation ou de la cuisson comme une sorte de baguette magique. Qu'elle soit en chêne, en noyer, en olivier, en merisier, en saule, en tilleul, en bouleau, en érable, en bambou ou n'importe quel autre bois, dur ou tendre, elle sert à tout.
En pratique
La cuillère en bois coche toutes les cases des exigences de consommation actuelles. Nature, en bois brut, elle ne conduit pas la chaleur et on ne risque pas de se brûler en la maniant. Elle ne fond pas, et ne prendra pas feu facilement. De plus, elle ne provoque aucune réaction chimique au contact des aliments acides. Outil d'économie domestique durable, la cuillère en bois ne raye pas le fond des casseroles et des poêles.
Ergonomique, son manche léger, de tailles diverses, tient dans la main sans glisser. Son contact est doux, chaleureux. Elle vieillit bien et s'use très lentement. Non ! ce n'est pas un nid à bactéries. Il suffit de la laver au savon et à l'eau bouillante comme n'importe quelle autre cuillère. Certains la passent même au lave-vaisselle. Pour bien faire, on la laissera sécher à l'air libre et on prendra garde à en réserver une au salé et une autre au sucré.
Une longue histoire
Sa diversité est si grande à travers les âges et les continents qu'elle devenue un objet de collection symbole de civilisations et de traditions toujours vivantes ou disparues. Certaines pièces atteignent des valeurs faramineuses. Elle figure toujours en bonne place dans les expositions d'arts de la table.
La cuillère de la mariée
Sculptée dans un bois dur, résistant au temps et à l'usage, principalement en buis
ou en pommier, la tradition en pays bigouden voulait que le garçon offre une cuillère en bois à la jeune fille qu'il souhaitait épouser en gage d'amour. Façon d'exprimer son espoir de partager avec elle tous les repas de sa vie. En retour, l'accepter signifiait de sa part à elle l'engagement de l'épouser et de tenir sa place aux fourneaux pendant que son mari serait en mer. L'objet devenait si précieux qu'elle l'emportait lors des grands rassemblements (mariages, moissons, pardons) et la conservait toute sa vie, excepté en cas de divorce ou si son époux mourait avant elle.
Astuce du chef
Placer une cuillère en bois en travers de la casserole où cuisent des pâtes ou du riz évite qu'une pellicule d'amidon se forme en surface et donc que l'eau déborde !
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