Repas gastronomique : un repas festif !
La pratique du repas varie selon les cultures à travers le monde. Elle tient cependant une place toute particulière dans notre pays. Retour sur les raisons qui rendent le repas gastronomique des Français unique en son genre.
Qu’est-ce qui a bien pu décider l’UNESCO à inscrire, en 2010, le « repas gastronomique des Français » sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité ? La question peut se poser si l’on considère cette pratique typiquement hexagonale sous le seul angle de l’alimentation... Or, il s’agit bien plus que cela.
De quoi parle-t-on ? Du repas, certes, mais du repas « gastronomique », en tant qu’élément constitutif de la culture française.
Il ne s’agit donc pas de n’importe quel repas, tel qu’il se vit de façon simple et répétée chaque jour aux quatre coins de la France. Ce repas – petit-déjeuner, déjeuner ou dîner –, tel que nous l’entendons au quotidien, a pour principale vertu de nourrir le corps. Et ce n’est pas l’étymologie qui nous contredira puisque le mot « repas » dérive de l’ancien français « past » qui signifie « pâtée, pâture ».
Du côté du grec ancien, on trouve, pour désigner le repas, toutes sortes de mots transcendant le simple fait de manger comme « dais » (le repas ou l’on partage), « xenia » et « xenismos » (le repas donné ou reçu dans le cadre des relations d’hospitalité) ou encore « euphrosunê » (le repas qui procure la joie).
Mais le français est également riche en vocabulaire. Outre les mots petit-déjeuner, déjeuner et dîner, qui désignent les temps de la journée où l'on mange ; souper est employé pour un repas tardif généralement pris après le spectacle, festin et banquet pour des moments festifs ; bombance, pour un très bon repas ; gueuleton pour un repas gai entre amis, et ripaille lorsque l'on mange beaucoup...
Bref, on le comprend, en certaines occasions particulières, le terme « repas » semble trop réducteur pour exprimer ce qu’est le bien manger en société, au-delà même de l’aliment nourricier. Est-ce la raison pour laquelle fut inventé, en France, le mot « gastronomie » ? Il n’est pas interdit de le penser puisque, selon la définition qu’en donna Brillat-Savarin au XIXe siècle, la gastronomie regroupe un ensemble de connaissances et de pratiques relatives à l’alimentation, qui dépasse toutefois le simple fait de manger par seule nécessité de devoir se nourrir et calmer sa faim.
Un repas de noces d'Yport
d'Albert Fourié (1886)
vu par Charlotte de Maupeou
Un repas de noces d'Yport
d'Albert Fourié (1886)
Définition
C’est donc cela, le « repas gastronomique des Français » : une pratique sociale transmise de génération en génération et commune à tous nos concitoyens, qui vise à s’attabler entre amis ou en famille pour marquer et célébrer les moments importants de la vie, lors d’un repas festif où l’on ritualise le plaisir du bien manger et du bien boire ensemble.
Dès lors, le repas gastronomique est ce rite où se déploient à la fois les richesses culinaires de la gastronomie française et certains usages culturels comme le dressage de la table, l’ordre des mets ou encore l’art de la conversation. Parce qu’il est un fait social, qui favorise la convivialité et favorise la cohésion par le partage de nourritures et de valeurs communes.
C’est ce signe d’alliance, où s’incarne la fraternité chère aux Français, qui a traversé les âges et les arts jusqu’à être consacré aujourd’hui par l’UNESCO comme faisant partie de notre patrimoine mondial.
A lire :
* « Le Repas gastronomique des Français », TDC, n° 1064, 15 novembre 2013.
* Le Repas gastronomique des Français, Francis Chevrier et Loïc Bienassis (dir.), Paris, Gallimard, 2015.